Affiche du 25e centenaire exposée au Préau des Accoules réalisée par David Dellepiane peintre et lithographe Marseillais
1995 Eparpillement à gauche
Plusieurs listes s'affrontent à l'occasion des élections de 1995, le Maire sortant ne se représente pas mais une liste « Vigouriste » est emmené par Jacques Rocca Serra, une liste d'union PS-PC est emmené par Lucien Weygan alors Président du Conseil Général, enfin, un liste dissidente PS est conduite par Michel Pezet. Cet éparpillement à gauche permettra l'élection de Jean-Claude Gaudin UDF allié au RPR qui disposera pour son premier mandat d'une courte majorité d'une voix.
Après quelques mois de flottement, Jean Mangion, alors directeur de la Culture à la Région succède à Hervé Mariotti.
Les contrats des chargés de mission de la Direction Générale ne sont pas reconduits. Seuls deux fonctionnaires titulaires, la Chargée de Mission Arts Visuels et moi-même, correspondant du contrat de ville restons en poste et assurons la continuité du service public. Progressivement une nouvelle équipe de conseillers culturels, et non plus de chargés de mission, tous fonctionnaires, est recrutée pour accompagner les différents secteurs artistiques.
Le nouveau Directeur Général des Affaires Culturelles organise des réunions internes qui amènent à la publication d'un premier document : « Marseille la Culture au Cœur », puis d'un « Schéma Directeur » 2002-2012, qui nous amènera à 2013, « Capitale Européenne de la culture ».
Lors de ce 1er mandat de JC Gaudin, s'appuyant très intelligemment sur la dynamique des années Defferre prolongées par le mandat Vigouroux, ces réunions stratégiques et une restructuration des services poursuivent un objectif clair, faire rêver les Marseillais et conserver leur suffrages. Même si ce n'est pas le seul facteur cela a clairement servi la réélection de jean-Claude Gaudin pour 4 mandats.
Le dispositif des comités d’experts.
Mis en place dès la reconstitution de l'équipe de conseillers, il a contribué Pendant 15 ans à installer une véritable exigence dans la qualité des réalisations culturelles et artistique. Toutefois on peut regretter que le champ de l’Éducation Culturelle et Artistique n’ait pas été mieux traité et que le champ de la danse ait été accaparé par la danse contemporaine
Trois facteurs ont conduit à l'arrêt du dispositif :
- La dématérialisation des dossiers qui paradoxalement compliquait sérieusement le partage des informations avec les experts
- L’épuisement du système, car la faiblesse des possibilités de reprise en financement pérennes des aides aux projets conduisait à les reconduire telles quelles paralysant progressivement le système en lui ôtant ses capacités d’aide à l’émergence.
- Le cycle infernal pour certaines compagnies de produire une création par an, ce qui finalement les empêchait de se préoccuper sérieusement de diffuser leurs créations.
Une piste avait bien été évoquée pour pallier à ce dernier point. Elle consistait à l’attribution de financements sur trois ans appuyés sur le triptyque : aide à l’écriture, contribution à la création, soutien à la diffusion. Mais les contextes compliqués de la dématérialisation et de l’articulation entre les budgets d’aide au projet et de fonctionnement ont eu finalement raison du dispositif.
L'OMCL devient l'Espace Culture
L'OMCL des origines avait toutes les caractéristiques des associations paramunicipales qui ont défrayé la chronique dans les années 90 sur les questions de gestion de fait et de dévoiement d'utilisation de fond publics. Un premier changement de statuts lui avait permis de passer ce cap notamment en modifiant la composition de son conseil d'administration et en réintégrant au sein de la Direction des Affaires Culturelles la gestion du fond d'intervention culturel qui permettait de reverser des financements aux associations culturelles. En 1994 et 1995, il sera le support d'organisation du Festival Marseille-Méditerranée et portera la première édition des « Rencontres d'Averroès ». En 1995, il quitte les locaux en étage de la rue Saint-Ferréol pour investir l'immeuble Figaro sur la Canebière que la ville avait préempté en 1993, un immeuble remarquable construit en 1675 dans le cadre du plan d'extension ordonné par Louis XIV. A cette occasion il prend, le nom d'Espace Culture.
En 1996 restaient deux missions assurées hors cadre légal : la coordination de la convention entre la Ville de Marseille et l'Association Française d'Action Artistique devenue aujourd'hui l'Institut Français et l'accueil des artistes plasticiens dans les ateliers appartenant à la Ville. Ces deux missions ont à leur tour intégré la DGAC.
Célébration du 26e centenaire, parade de la Massalia vue des fenêtres de l'Espace Culture
Convergence du Contrat de Ville et de la Convention de Développement Culturel
Deux dispositifs contractuels une Convention de Développement Culturel avec le ministère ainsi que le nouveau Contrat de Ville, viennent s'articuler au Schéma Directeur Culture 2002-2012. J'ai œuvré avec insistance à la mise en cohérence de ces documents d'orientation. Cohérence qui a certainement contribué à l’essor culturel du début des années 2000 1.
Simultanément au chantier de structuration de la politique culturelle qui se formalisera par la publication du « Schéma Directeur Culture » un autre a été lancé par le nouveau directeur général des affaires culturelles : celui de la célébration du 26e centenaire de la Ville. Jusque-là, il semble que seulement le 25e ait déjà fait l'objet d'un événement significatif pour lequel une magnifique affiche a été réalisée par le peintre et lithographe français d'origine italienne et Marseillais d'adoption David Dellepiane.
Le 21 juin 1999, c'est la grande parade de La Massalia. Bernard Souroque, Perpignanais animateur invétéré des fêtes Nîmoises en assure la direction artistique sur une production exécutive assurée par l'OMCL. Le journal Libération titre : « Immense défilé, feu d'artifice: samedi, Marseille a fêté ses 2 600 ans. Massalia en liesse. Bon enfant, l'événement a été un vrai succès populaire.»2
Il récidive l'année suivante avec la « Marceleste » supportée cette fois par la Cité de la Musique. A cette occasion une longue scène est installée le long des quai du vieux port et les groupes d'amateurs s'y succèdent toute la soirée.
Puis il prendra la direction des « Fééries Urbaines » association ad hoc initiée pour transformer cette succession d'événements en Biennale d'Arts Urbains.
Le 29 juin 2002, L'Odyssée de la Canebière transformera l'artère mythique en scène spectaculaire pour le cirque et les arts de la rue à l'occasion de l'ouverture des jeux mondiaux de la voile.
Avec Au quai du large en 2005, c'est l'esplanade du J4, débarrassée de son hangar démoli en 1997 après qu'il ait abrité pendant deux ans la Fiesta des sud qui accueille l'événement.
Fidèle aux habitudes prises lors des précédentes éditions, le prologue est assuré par des centaines d'enfants costumés en animaux. La suite est assurée par Lieux Publics et un concert participatif avec les spectateurs, une apparition d'un squelette de baleine orchestré par la compagnie Générik Vapeur, un mapping sur les mur du Fort Saint-Jean sous la houlette de Karwan, le tout ponctué par le maintenant traditionnel embrasement pyrotechnique du Groupe F.
Par la suite, l'idée d'une grande biennale d'arts urbains semble s'être diluée dans la candidature pour la Capitale Européenne de la Culture.
Couplé aux 35 heures ainsi qu'au développement d'internet et des téléphones mobiles, cette liaison ferroviaire rapide a incité un certain nombre de cadres de la capitale à installer leur résidence principale dans le midi, amplifiant le phénomène de double résidence. L'autre effet notable est l'augmentation sensible de la fréquentation touristique. Même si le lien de cause à effet n'est pas clairement établi, une étude sur l'évaluation des premiers effets de la LGV Méditerranée3 note une augmentation de la fréquentation des musées de Marseille de 13% en 2002 alors qu'elle est habituellement seulement de 3 ou 4 par an. La même étude souligne que les effets de l'opération « Euro-méditerranéenne » et de l'arrivée du TGV convergent pour « réveiller Marseille » et changer positivement son image. Il est clair que ce changement d'image, l'installation de nouveaux résidents et l'augmentation de la fréquentation touristique entrainent de nouvelles attentes en matière de ressources culturelles. C'est l'avènement d'une nouvelle attractivité culturelle et en 2003 lors d'une rencontre sur l'économie de la culture à Marseille pour laquelle j'ai réuni des personnalités de l'administration, de l'université et de la société civile, le représentant d'Euromed déclarera que sans cette nouvelle attractivité culturelle de la ville, il aurait été compliqué de convaincre les dirigeants de la CMA-CGM société leader dans le transport maritime, d'installer son siège social dans la cité phocéenne.
1 chapitre II/3/Contrat de Ville 2000-2006
2:https://www.liberation.fr/culture/1999/06/21/immense-defile-feu-d-artifice-samedi-marseille-a-fete-ses-2-600-ans-massalia-en-liesse-bon-enfant-l-_275756/
3: https://cpdp.debatpublic.fr/cpdp-lgvpaca/docs/pdf/etudes/etude_relative/LGV-PACA-EffetTerritoire-Volet2-juin04.PDF
Final de l'édition "Au quai du large" par le Groupe F
4e épisode de ce qui aurait pu devenir une Biennale des arts de la rue
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Commentaires
L'émiettement des listes de gauche, voilà que le même scénario se profile pour les prochaines élections municipales. L'histoire ne nous enseigne rien de nos jours