
30 aout 2013 ouverture de la 7eme édition du salon d'art contemporain Artorama qui a pris la suite d’Art Dealers fondé par Roger Pailhas, figure majeure du monde de l’art et fondateur , qui a disparu en 2005
Art Dealers une foire pas comme les autres
Bien que participant à la dynamique associative évoquée plus haut ce projet mérite un coup de projecteur particulier. Roger Pailhas crée en 1982 avec le soutien de Jack Lang, alors ministre de la Culture, un centre d'art, l'Action Régionale pour la Création Artistique (ARCA) sur le Cours Julien. Il y expose de jeunes plasticiens dont les noms font référence aujourd'hui : Richard Baquié, Gérard Traquandi, Judith Bartolani, Georges Autard... Dés 1986, il ouvre et dirige sa propre galerie. En 1996 il y organise dans le salon d'art contemporain, Art Dealers et en 1997 il quitte le cours Julien pour un espace de 1000 M2 donnant sur le vieux Port. La 9e édition d’Art Dealers aura lieu en 2005 malgré le décès prématuré de son instigateur. Du 2 décembre 2006 au 8 avril 2007, le Musée d'Art Contemporain lui consacrera une exposition sur 2500 M21. La même année, Jérome Pantalacci, un ancien de la galerie Pailhas ayant participé à la création d'Art Dealers crée, dans le même esprit, ART-O-RAMA. Les organismes institutionnels et les collectivités soutiennent l'initiative et le Fond Communal d'Art Contemporain s'implique par l'achat de l'œuvre d'un des jeunes artistes participant au show-room. La dynamique générée par ART-O-RAMA a engendré la création de deux salons connexes : depuis 2014 Paréidolie, salon international du dessin contemporain organisé par la galerie Chateau de Servières et plus récemment en 2018 le Centre Photographique de Marseille à mis en place Polyptyque, salon de photographie contemporaine. Ces manifestations se déroulent maintenant chaque année autour du dernier week end d'aout
1https://www.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2007-1-page-182.htm

1982-83, Point d'orgue oriental
Michel Pezet adjoint au maire délégué aux musées et aux archives et Edmonde Charles-Roux, pour amener une vision globale et faire travailler ensemble les institutions culturelles, initient de novembre 82 à février 83 l’Orient des Provençaux. Une opération magistrale et majestueuse, 13 expositions en 13 lieux qui remporte un grand succès, mais cela met en évidence le manque d'organisation générale des musées de la ville et en 1985, il est fait appel à Germain Viatte qui est alors conservateur du Centre National d'Art Moderne pour améliorer l'organisation des musées. Cela conduira à la création d'une direction municipale regroupant les musées, constituant le 2e acte structurant de la politique culturelle après la création de l'OMCL.
Interrogé par mail l'été 2020 au sujet de son passage à Marseille,
Germain Viatte nous répondra:
« _ Peut-être sur la suggestion de son épouse, Gaston Defferre m'invita à Marseille pour étudier la situation des musées de la ville. Je lui adressai un rapport en proposant de rassembler ces établissements sous une même direction afin de coordonner leurs activités. Il n'était pas question pour moi de quitter mes fonctions au Centre Pompidou mais ce regard sur la situation culturelle d'une telle métropole m'avait rappelé mes anciennes et premières activités à l'inspection des musées de France.
_ Defferre me proposa un rendez-vous au ministère de l'Intérieur à 21 heures. Il travaillait seul dans le noir sur un texte et je fus surpris de voir qu'il lisait mon rapport et qu'il en avait surligné les passages qui l’intéressaient. Il me proposa d'emblée de mettre en œuvre mes propositions ! Il n'en était pas question... Ma femme était promise à la direction d'un département du Louvre et j'étais moi-même engagé sur de nombreux projets au Mnam1. Il insista en me proposant de venir à Marseille avec elle, amicalement, pour un dîner à la campagne. Au dessert il reprit sa proposition... Voyant que j'étais tenté il insista et s'employa à résoudre personnellement les objections présentées (moyens nécessaires pour les acquisitions, expositions, organisation administrative, habitation, etc..). Je ne souhaitais pas être sous d'autres autorités politiques que la sienne, ce qu'il accepta et qui fut ensuite résolu par la nomination de Dominique Wallon.
Le reste vous est connu. La disposition de la Vieille Charité permit la réorganisation des différents établissements concernés pour les expositions et une nouvelle disposition des collections archéologiques, égyptiennes et d'arts primitifs... »
1 Musée national d'art moderne – Centre Pompidou
Anne Marie Pécheur , une artiste Militante
artiste et enseignante, propos recueillis par Gilbert Ceccaldi
L'entretien se déroule chez moi. J'ai voulu rencontrer Anne-Marie car elle a été animatrice gravure à la MJC Corderie, professeur à l'école supérieure des Beaux Art de Marseille.
Comme à l'habitude, j'explique en préambule le projet de publication destiné à donner une image la plus globale possible de la construction des ressources culturelles de la ville de Marseille au fil des événements historiques, des décisions politiques et des initiatives privées.
Alors que j’étais élève à l'Ecole des Beaux Arts, dans les années 1970-75, une réelle dynamique s'est installée dans le milieu des arts visuel grâce à de nombreux professeurs venus d'ailleurs et qui instauraient une prégnance du mouvement support–surface. Ceci ne concernait pas seulement la fabrication de l'œuvre mais encore fut déterminante pour toute notre vie de créateurs, et en particulier l’engagement militant.
Pour en revenir aux personnalités marquantes de cette période des années 90, la venue d’artistes
tels que Claude Viallat, Joël Kermarrec,Tony Grand n’aurait pu se faire sans François Bret un directeur d’exception. C'est bien possible que ce soit lui qui ait créé les classes décentralisées d'arts plastiques dans les quartiers de Marseille.
Durant cette période, il y eu l’aventure « atelier de gravure » à la Corderie, où j’ai commencé a pratiquer la pédagogie et mettre en pratique l’aventure culturelle, sous le regard bienveillant de Jean Irrmann.
Autre volet historique la fondation de l’ADDA, avec mes amis de l’école d’art, première association marseillaise pour l’art contemporain ! en 1976.
Ensuite, il y a eu un grand creux pendant lequel j'ai enseigné en dehors de Marseille, je n’y suis revenue que dans les années 90. Il y a donc une période « sans Marseille ».
C'est alors, en 1993, qu'avec Jean-Baptiste Audat, artiste et conjoint, nous avons fondé l'association Art Cade, galerie des Grands Bains Douches. L'idée était de faciliter la rencontre entre les jeunes artistes africains et Marseille. Jean-Baptiste a vécu en Afrique de l’ouest, et effectué plusieurs séjours au Sénégal, Mali et Burkina Faso et avait développé des ateliers de création dans ces pays.
Nous avons alors travaillé avec Régine Dottori qui s'occupait de la galerie du Chateau de Servière.
Jean-Baptiste a fait de nombreux accrochages et interventions dans les quartiers, travail modeste mais militant qui a compté pour de nombreux jeunes artistes car cela engendrait un flot continu d'échanges de pratiques, d'expositions et de conférences, non seulement en arts plastique, mais aussi en musique. Dans les lieux mêmes d’ART CADE, plusieurs « commissaires d’expositions » se sont succédés, et en tout premier lieu, François Bazzoli, historien, professeur aux Beaux Arts et ami.
L’association se distinguait donc par son travail hors galerie sur les quartiers et expositions dans ces anciens bains douches de la Plaine.
Il n'était pas évident de tenir ainsi durant 30 ans avec des subventions modestes : nous avons fonctionné avec les moyens du bord, en étant à la fois artistes et enseignants.
Marseille Capitale Européenne de la Culture (2013) a été un moment important. Nous avons alors été nombreux à exposer au M.A.C. (Musée d'Art Contemporain) avec une édition à la clé, ce qui a permis de valoriser et laisser une trace (catalogue). Pour les 25 ans d'Art Cade, nous avons également édité une plaquette modeste mais qui recense les 500 artistes exposés.
Avec toutes ces manifestations, expositions, projets, nous étions vraiment en contact avec l’Afrique, de nombreuses personnes venaient participer bénévolement, à cette époque tout semblait être généreux, mais c’est sans doute l’embellissement du temps passé. Maintenant, c'est plus compliqué, la rémunération des artistes est plus systématique, ce qui est tout à fait normal, mais le sentiment de liberté n'est plus le même.
Art Cade a contribué à former de nombreuse personnes du milieu culturel, à accueillir des groupes de jeunes artistes qui ont ensuite ouvert des ateliers à Marseille, bref créer une dynamique et faire histoire.
Par exemple, les Ateliers Jeanne Barret à Bougainville qui regroupe aujourd'hui un collectif d'artistes qui travaillent sur place, organisent des workshops, des expositions et des projections ou des rencontres et des ateliers ouverts aux habitants du territoire.
Je fais alors état de mon scepticisme sur les opérations d'urbanisme transitoire qui instrumentalisent l'activité culturelle pour changer l'image d'un quartier puis réaffectent le foncier mis à disposition à d'autres opérations immobilières dans une dynamique de gentrification.
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Commentaires
Très intéressante la position sur l’urbanisme transitoire