
Cérémonie d’hommage à Gaston Defferre à l’Hôtel de région, sous la présidence de Michel Vauzelle,
en présence de personnalités telles que Pierre Mauroy, Edmonde Charles-Roux et Roland Petit.
Robert-Paul Vigouroux Un Maire par intérim
Le décès de Gaston Defferre survient brutalement le 7 mai 1986.
Robert Paul Vigouroux assure l’intérim du poste de Maire de mai 1986 à mars 1989.
Edmonde Charle-Roux souhaitant prendre de la distance avec son implication dans la vie culturelle fait appel à Dominique Wallon qui avait été un des collaborateurs de Jack Lang au ministère de la Culture pour prendre le relais.
Un des premiers actes posés par Dominique Wallon a été, prenant modèle sur l’Eté romain, de coordonner les manifestations estivales en les regroupant au sein d’une méta programmation : « l’Été marseillais » dont la première édition a eu lieu en 1987. Ce premier Eté marseillais a rassemblé les Festivals Populaires, la première Guinguette que j’ai organisée avec l’Espace Culturel Busserine, ainsi qu’un certain nombre d’évènements qui ont fait l’objet de financements spécifiques.
La MJC Corderie a en particulier obtenu une aide pour inviter à nouveau la Fura del Baus avec son nouveau spectacle « Suz o Suz ». Une production encore plus déjantée que le spectacle présenté 3 ans plus tôt au festival de Saint Victor : des personnages immergés dans de grands aquariums en sortaient lentement comme un accouchement paroxysmique, puis se confrontaient à d’autres êtres sauvages. Les projectiles du combat étaient des morceaux d’abats de veau que nous allions chercher tous les jours à l’abattoir. Pour organiser ces représentations nous avions loué un hangar du parc des expositions. Il n’y avait pas de limites bien définies entre le spectacle et les spectateurs, et la salle était parfois traversée par des comédiens brandissant des tronçonneuses moteur à fond (bien-sur les chaines de ces outils avaient été enlevées) . Je me souviens un soir à la caisse avoir refusé l’entrée à un couple qui était venu avec un enfant très jeune.
D’ailleurs lorsque Dominique Wallon a compris en quoi consistait le spectacle il a essayé de de nous faire renoncer à cette programmation mais trop tard tout était organisé et les contrat signés.
C’est l’Eté marseillais et les programmations exceptionnelles qu’il a permises, tout en mettant en valeur l’existant qui servira de base quelques années plus tard au Festival Marseille-Méditerrannée voulu par le Maire, Robert Paul Vigouroux. Les premières éditions dirigées par Nadia Croquet1 furent portées à partir de 1994 par l’OMCL devenu l'Espace Culture.. Lors du premier mandat de JC Gaudin une association ad hoc verra le jour pour le produire sous l'appellation « Festival de Marseille » avec Apolline Quintrand qui demeurera à sa direction pendant 20 ans.
1987, Ouverture sur la danse contemporaine
C’est grâce à la Fondation de Marseille Objectif Danse2 par 6 chorégraphes, une structure qui promeut et diffuse les arts chorégraphiques contemporains. Elle souhaite inscrire de manière permanente et affirmée la présence de la danse contemporaine dans l’espace culturel de la cité. C'était probablement une action destinée à contrebalancer l’hégémonie exercée par Rolland Petit sur cette discipline.
Robert Paul Vigouroux a été réélu Maire en mars 89 en remportant, ce qui ne s'est jamais produit, avant ou après, la majorité sur la totalité des 8 secteurs de la ville.
Il a fait campagne avec un dossier: «50 projets pour Marseille»
Tous ne seront pas réalisés. Outre le Tunnel Prado Carénage et le lancement de l'Opération Euromed, il fera construire le Dôme et l'auditorium de Palais du Pharo, qui malheureusement sera exploité par la l'équipe municipale suivante comme Palais des Congrès plutôt que pour des concerts classiques.
Sous sa mandature on verra aussi le lancement des Rencontres d’Averroès, l'accueil en 1990 de la Biennale des Jeunes Créateurs en Méditerranée à laquelle la Ville de Marseille participera jusqu'en 2016 et la rénovation complète du Théâtre Toursky inauguré avec Léo Ferré, le 30 octobre 1990.
« C'est sous cette mandature que le budget de la culture a doublé », rappelle l'ancien Adjoint à la Culture Christian Poitevin, depuis longtemps en retrait de la vie politique, sans se rappeler précisément le montant qui était, à l'époque, alloué au secteur dont il avait la charge. En effet, c'est sous la mandature Vigouroux que la salle de spectacles du Dôme voit le jour, la Friche prend son envol à la Belle-de-Mai, que le Centre international de poésie de Marseille (CipM) ou que le Musée des arts africains, océaniens, amérindiens (MAAOA) viennent se loger dans ce bel écrin de la Vieille Charité. « À l'époque, il me paraissait impossible qu'une ville comme Marseille ne possède pas un musée digne de ce nom », précise Christian Poitevin, saluant au passage la confiance que lui accordait le sénateur-maire. Sans oublier le Musée d'art contemporain (Mac) à Bonneveine, dont la création remonte à 1994, ou celui consacré à la faïence à Pastré. Lors d'un interview, Christian Poitevin, alors adjoint délégué à la culture déclare : "On avait vraiment réconcilié la ville avec la culture". C'était également l'époque où Dominique Wallon avait en charge les affaires culturelles, donnant vie à l'Été marseillais, soutenant l'ouverture du théâtre des marionnettes Massalia, encourageant la fréquentation des cinémas par les jeunes, lui qui est surtout connu pour avoir conduit le Centre national du cinéma à Paris »3 .
1https://www.liberation.fr/portrait/1995/07/26/nadia-croquet-la-directrice-du-festival-marseille-mediterranee-a-longtemps-ete-une-femme-de-l-ombre-_140201/
2https://www.marseille-objectif-danse.org/
3https://www.laprovence.com/article/politique/4532504/un-maire-presse-et-visionnaire.html

La fête du vent sur les plages du Prado
1990, Vers la création de la Direction Générale des Affaires Culturelles
En 1989 Claude Domenach succède à Dominique Wallon et accompagne la création de la Direction Générale des Affaires Culturelles en 1991 dont le premier Directeur sera Hervé Mariotti. Claude Domenach décède le 7 octobre 1991 et la fonction de chargé de mission à la culture au cabinet du Maire ne sera pas renouvelée.
Animations Urbaines
C'est une dynamique lancée au début des années 90 par la Direction de l'Animation, elle comporte 3 volets, le Carnaval, la Fête du vent et la Fête de la lumière.
Bien que ces projets n'aient pas été développés par les services culturels, ils constituent des moments forts de la vie culturelle au moins pour la Fête du vent et le Carnaval qui perdurent aujourd'hui. La Fête de la lumière quant à elle n'a pas trouvé sa vitesse de croisière.
Elle a connu 3 éditions : « Flamb'eau » sur le Vieux Port, « La Nuit du Soleil » au Palais Longchamp et « Orphée Illuminé » sur le Fort d'Entrecasteaux. Les scenarii et la réalisation de ces événements étaient confiés à l'Atelier Public d'Art de Science et de Technique (APAST) de la MJC Corderie. Si les deux premiers furent d'incontestables réussites, le troisième a dû être annulé pour cause de mistral trop violent. Elle a été brièvement relayée par un trophée des lumières lui aussi tombé en désuétude.
Les premières éditions du carnaval et de la Fête du vent ont aussi fait la part belle à la pyrotechnie réalisée par l'équipe de l'APAST .
Le Carnaval est une des seules opérations à impliquer les mairies de Secteur.
Maryline Bellieux-Vigouroux, épouse de Robert-Paul Vigouroux, à l'occasion de l'arrivée de son mari au poste de Maire décide de s'engager pour contribuer à donner une nouvelle image à Marseille en croisant les enjeux économiques et culturels sur le sujet de la mode.
Elle conçoit dès 1986 la création à Marseille de la « Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode » (MMMM). Sur les conseils d'Edmonde Charles-Roux, elle prend contact à Paris avec des sommités de ce milieu. Son projet se concrétise sous forme de triptyque : Formation-Création-Évènements Économiques et Culturels et investit en 1993 un immeuble de 3000 M2 au n°11 de la Canebière : « L'Espace Mode Méditerranée ». Il s'agit d'un bâtiment qu'a fait construire le styliste Armand Thierry en 1892 et revu pour l'occasion par l'architecte Jean-Michel Wilmotte. En 2013 la MMMM organise une exposition événement : « Marseille M la Mode» dans le cadre du programme Marseille Provence Capitale Européenne de la Culture.
L'organisme quitte les locaux de la Canebière pour s'installer dans 1200 M2 rue Fauchier, quartier de la Joliette en devenant : « Maison Mode Méditerranée », la partie « Musée de la Mode » rejoignant le Musée des Art Décoratifs au Chateau Borely. En 2021, nouvelle mutation de l'organisme qui devient le fonds de dotation Maison Mode Méditerranée bénéficiant pour son lancement de la vente aux enchère de sa collection de vêtements d'exception représentative de l'évolution de la mode au XXe siècle. Ce fond est destiné à accompagner par un système de bourses les jeunes stylistes.1
La Maison est aussi à l'origine d'un cursus à l'université Aix-Marseille, rassemblant une licence et deux masters spécialisés.
1994, IAM joue devant 8000 spectateurs pour l'inauguration du Dôme. La construction de cet équipement faisait partie du dossier 50 projets pour Marseille sur lequel RP Vigouroux avait fait campagne. Sa structure, imaginée par l'architecte Denis Sloan, rappelle explicitement celle d'une coque de navire posée à l'envers ou avec son arc de soutien, celle de l'écouteur d'un casque audio, a été réalisée par le chantier naval de Saint Nazaire. La salle modulable de 1200 à 8500 places à l'acoustique souvent décriée accueille une moyenne de 300 000 spectateurs par an. Sa programmation se construit au fil des tournées et des projets qui souhaitent s'y produire.
Bien qu'en dur, il figure dans le programme des Zéniths dont la construction était subventionnée par l'Etat et dont la gestion devait être confiée au privé. En 1995, sa dernière année de mandat, le Maire passa en force et installa le Dôme en régie municipale.2
Euroméditerranéenne, une grande opération de renouvellement urbain
RP Vigouroux est à l'origine en 1994 de l'opération d'aménagement urbain Euromed qui facilitera l'implantation d'établissements culturels majeurs le long du littoral des quartiers de la Joliette. et d'Arenc. Paradoxalement, cela contribue au déséquilibre de répartition des équipements culturels sur le territoire. Alors qu'avec la construction du Café Musique l'Affranchi, de la réhabilitation de la Buzine en Maison du Cinéma et de l’installation de deux compagnies : le Théâtre du Centaure et le Théâtre NoNo dans les quartiers est et sud, un rééquilibrage territorial des infrastructures culturelles avait débuté, celles implantées sur Euromed : FRAC, Silo, Théâtre de la Joliette, MUCEM, Villa Méditerranée, KLAP Maison pour la Danse, Friche Belle de Mai... remettent la balance en déséquilibre.
1https://serielimitee.lesechos.fr/mode/news/tisser-le-lien-entre-la-mode-et-la-mediterranee-1952934
2https://www.laprovence.com/article/edition-marseille/3038674/la-bete-de-scene-fete-ses-20-ans.html

Final du spectacle Flamb'eau réalisé par l'Atelier Public d'Art de Sciences et de Techniques
de la MJC Corderie à l'occasion de la 1ere édition de la Fête de la lumière en 1993. Photo: ©AlfonsAlt

Final du carnaval au château Borely en mars 2004 par la compagnie Trans Express
avec une adaptation de leur spectacle : Les rois faignants
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